Les formes actuelles de la censure
Séminaire Champ lacanien 2021/2022.
Organisé par le conseil d’orientation (CO) et le conseil de direction (CD) de l’EPFCL-France.
Tout au long de cette année, ce séminaire interrogera, à l’intersection des questions analytiques et sociétales, Les formes actuelles de la censure, en croisant les regards d’analystes et de personnalités d’autres champs.
Nous savons depuis Freud que la censure est l’instance critique du sujet qui conduit au refoulement et qui empêche le retour du refoulé de devenir conscient. Cette censure est celle qui institue « la conscience morale1 », elle est l’incarnation de la critique des parents, en premier, puis de la critique sociale. D’où provient-elle ? Des identifications ? Des idéaux ? Du surmoi ? Quels sont les moyens qui permettent au sujet de la contourner quand elle l’entrave dans sa possibilité de dire et donc de penser ?
La fonction de la censure est d’effacer et « c’est bien là ce sur quoi porte, le dynamisme de l’inconscient2 ». Tout sujet fait l’expérience, dans une analyse, qu’il n’y a pas de liberté de parole. Là où Freud évoquait la censure, Lacan conclura à l’impossible à dire qui est de structure.
Pourtant du côté sociétal, on entend dire qu’avec les réseaux sociaux, qui permettent à tout un chacun de rendre sa parole publique, « la parole se libère ». Or, paradoxalement, cette parole libérée ne produirait-elle pas de nouvelles formes de censure à travers le pouvoir donné à ce tout-un-chacun de disqualifier et de sanctionner ? Faut-il y voir un retour du refoulé ? Y a-t-il un lien de causalité avec les tentatives des pouvoirs politiques de mettre en place de nouvelles régulations de la parole publique ? Doit-on conclure que les formes actuelles de la censure sont indissociables des nouvelles formes de « la parole libérée » ?
C’est cela que nous allons interroger avec nos invités.
- 1. S. Freud, « Introduction au narcissisme », dans La Vie sexuelle, PUF, 1969, p. 100.
- 2. J. Lacan, Le Séminaire, Livre XI, Les Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Le Seuil, 1973, p. 29